Quand ils testent nos limites ou l’art du « cause toujours tu m’intéresses » !

mafalda

Bon, tout d’abord, je tiens à vous rassurer, j’ai retrouvé une classe normale ce lundi !  Bruyante et un peu agitée, mais tout à fait gérable. Ouf  !

Je pense que la situation « armageddonesque » (comprendre que seul Bruce Willis en tenue d’astronaute aurait pu me sauver ^^) de la semaine dernière devait essentiellement être liée à l’ouverture de la nouvelle classe et à la nouvelle répartition.  J’avais déjà entendu dire qu’un petit changement au sein de l’école ou dans le quartier pouvait  rendre une classe ingérable, eh bien je l’ai vérifié par l’expérience pour le coup !

Hier, j’ai pris conscience que j’avais laissé un paramètre de côté : l’intelligence très vive des enfants ! Après tout, ces enfants ont pas moins de 4 maîtresses dans la semaine, je suis celle qu’ils voient le moins souvent, je suis jeune et bien moins expérimentée que les autres. Qu’est-ce que tout enfant normalement constitué ferait dans une telle situation? Eh bien il testerait vos limites !  J’ai enfin mis un nom sur les petits sourires en coin de certains, les regards rieurs d’autres : ils veulent voir jusqu’où ils peuvent aller avec moi !

Moi qui suis toujours douce et souriante,  ils m’ont « bouffée » toute crue ! Ce n’était pas faute de me l’être fait répéter : « Sois très sévère dès le début, ils vont te tester ! Il vaut mieux paraître pas sympa au début, etc. »
Et bien sûr, j’ai eu la prétention de croire que je pourrais faire sans en passer par là !
Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même

Alors oui, je criais, je faisais les gros yeux, mais les enfants ont bien vite compris que ça n’allait pas au-delà ! Il me manquait l’arme ultime de tout enseignant qui se respecte : la punition qui succède à l’avertissement !
Eh bien hier, ça y est, j’ai franchi le pas pendant la sieste ! Mes habituels troublions de la sieste étaient bien agités et après être passée les voir deux fois en leur disant quelque chose comme « La prochaine fois que je reviens et que j’en surprends un en train de s’amuser au lieu de se reposer, il file finir la sieste chez les bébés de Martine (Instit’ des tout petits et petits) ! » Je voyais bien à leurs têtes qu’ils ne me croyaient pas.
La troisième fois, je l’ai fait : « Toi tu viens avec moi, on va chez Martine » et là… Les larmes, la fontaine, l’inondation, que dis-je le tsunami ! Mon petit cœur sensible a hésité pendant un moment, manquant de se laisser attendrir… Ça aurait été l’erreur… que je n’ai pas commise ! Après l’avoir mis sur ses deux pieds et un peu calmé en lui expliquant que ça ne serait pas long mais qu’il n’y couperait pas, je l’ai amené, toujours sanglotant, chez les tout petits. Dans ma classe, on aurait entendu une mouche voler ( fait extrêmement rare ^^ ). Si la crise de larme de  mon petit troublion m’avait dans un premier temps déstabilisée, elle avait eu lieu en plein milieu de la classe et tous les enfants m’avaient vue tenir bon. C’était la première fois que je « punissais »;

Dix minutes plus tard, je suis retournée chercher le petit puni qui sanglotait encore sur son petit lit. Martine me fait un petit clin d’œil en me disant  « Crois-moi qu’il s’en souviendra cette fois ! « .

Voilà, j’ai fait pleurer un élève pour la première fois de ma carrière. Je pense cependant que c’est un mal pour un bien. Les enfants ont besoin de connaître leurs limites. C’est comme ça qu’ils se construisent. Les paroles marchent un temps, mais si elles ne sont jamais suivies d’un passage à l’acte, les enfants ont vite fait de le comprendre et d’en abuser.

Je pense que ce qui s’est passé hier aura un peu changé leur façon de me voir. Je pense qu’ils réfléchiront peut être un peu plus la prochaine fois quand je lancerai des avertissements